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Platon

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Message  Paesano Jeu 25 Oct - 18:46

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Platon (en grec ancien Πλάτων / Plátôn, né à Athènes en 424/423 av. J.-C., mort en 348/347 av. J.-C.1) est un philosophe grec, contemporain de la démocratie athénienne et des sophistes, qu'il critiqua vigoureusement. Il reprit le travail philosophique de certains de ses prédécesseurs, notamment Socrate, Parménide, Héraclite et Pythagore, afin d'élaborer sa propre pensée qui explore la plupart des champs importants, notamment la métaphysique, l'éthique, l'esthétique et la politique. Diogène Laërce dit de lui qu'il est de six ans plus jeune que son ami Isocrate2.

Son œuvre, composée presque exclusivement de dialogues, est d'une grande richesse de style et de contenu, et produit, sur de nombreux sujets, les premières formulations classiques des problèmes majeurs de l'histoire de la philosophie occidentale3. Chaque dialogue de Platon interroge un sujet donné, par exemple le beau ou le courage. La pensée de Platon n'est pas monolithique : une partie de ses dialogues aboutissent à des apories philosophiques, et ses dialogues qui apportent une solution aux problèmes posés ne constituent pas une réponse unique et définitive.

Platon est l'inventeur de la théorie des Formes, qu'on appelle plus communément théorie des Idées : celle-ci interprète le monde sensible comme un ensemble de réalités participant de leurs modèles immuables. La Forme suprême est, selon le contexte, tantôt le Bien, tantôt le Beau. La philosophie politique de Platon considère que la Cité juste doit être construite selon le modèle du Bien en soi.
Sommaire
Biographie
Platon, copie du portrait exécuté par Silanion pour l'Académie vers 370 av. J.-C., Centrale Montemartini.

À part quelques données certifiées, dont la chronologie est d'ailleurs incertaine, la vie de Platon est mal connue4. Comme pour beaucoup d'autres philosophes de l'Antiquité, il est souvent difficile de distinguer l'histoire et la construction littéraire.
Jeunesse

Platon est né à Athènes dans le dème de Collytos, en 428/427 av. J.-C., pendant l'archontat d'Aminias (Diogène Laërce le fait toutefois naître à Égine), deux ans après la mort de Périclès (en -429), lors de la guerre du Péloponnèse (de 431 à 404)p. 1. La date exacte demeure cependant incertaine : une tradition5 la fixe à la troisième année de la 88e olympiade, au 7 du mois thargélion, qui correspondrait au 21 mai de l'an -429. Mais les sources à ce sujet relèvent essentiellement de calculs fondés sur des croyances religieuses et des considérations mystiques sur les nombres. C'est pourquoi on situe la naissance de Platon trois ou quatre ans suivant le début de la guerre du Péloponnèse, vers l'époque de la mort de Périclès6.

Il est en tout cas certain que Platon venait d'une famille aristocratique7. Sa généalogie est toutefois incertaine du côté de son père : Ariston prétendait en effet descendre de Codros, dernier roi légendaire d'Athènes, et plus sûre du côté de sa mère, Périctionè, qui descendait d'un certain Dropidèsp. 2, proche de Solonp. 3. Elle était également la cousine germaine de Critias et la sœur de Charmide, deux des Trente Tyrans d'Athènes en -404.

Platon avait trois frères : Adimante et Glaucon, interlocuteurs de Socrate dans La République et sans doute plus âgés que lui, Antiphon, ainsi qu'une sœur, Pôtonê, mère de Speusippe, qui succéda à Platon à la tête de l'Académie7. La mère de Platon, devenue veuve quelque temps après sa naissance, se remaria avec son oncle maternel, Pyrilampe. Elle en eut un fils, Antiphon, qui est le narrateur du Parménide.

Selon les usages des grandes familles de son pays, Platon aurait dû recevoir le nom de son grand-père, Aristoclès, et il est possible que ce soit son véritable nom, « Platon » (Πλάτων) n'étant qu'un surnom. La raison en est inconnue et les explications que l'on en a données sont toutes plus ou moins fantaisistes. Par exemple, selon Diogène Laërce, il eut pour pédotribe8 le lutteur argien Ariston d'Argos, et l'on dit qu'il a remporté deux prix aux Jeux olympiques et aux Jeux isthmiquesp. 4,p. 5, qui, l'éduquant aux sports, le surnomma Platon en raison de sa constitution robuste, platos (πλάτος) signifiant en effet « largeur » car il était d'ailleurs de stature « large » (πλατύς)p. 6. D'autres hypothèses font allusion à sa volubilité, ou à la largeur de son front, ou encore à l'étendue de son caractère et de son espritp. 7.
Platon-genealogy-fr.svg

Il ne fait aucun doute que Platon reçoit l'éducation traditionnelle correspondant à son statut social. Le détail du cursus avancé par Diogène Laerce relève toutefois d'une « illustration narrative des principales influences théoriques qui se seraient exercées sur Platon »p. 8 ». Ceci revient à dire que la biographie du jeune Platon est une invention conçue pour s'accorder a posteriori avec ses œuvres. En voici quelques éléments, tirés essentiellement des ouvrages de Laërce. Il s'initia à la peinture, écrivit des poèmes, des dithyrambes, des vers lyriques et des tragédies. La musique, la flûte et la cithare, lui furent enseignées par Dracon, élève de Damon, et par Métellos d'Agrigente. Tous ses dialogues, et particulièrement le Timée, attestent qu'il avait poussé fort loin l'étude de cet art, qui, dans l'Antiquité, était étroitement lié aux mathématiques. Ce fut Denys le grammairien, mentionné dans les Amants, qui l'initia à cet ensemble de connaissances libérales que les Anciens appelaient la « grammaire »p. 9, et, longtemps avant son voyage en Égypte, il a écouté le mathématicien Théodore de Cyrènep. 10, venu en visite avant la mort de Socrate. L'importance des mathématiques a sans doute été grande à ses yeux, et Platon fut l'un des plus grands promoteurs de cette science9. On ignore l'identité de son éraste, mais appartenant à l'élite de la société grecque, il est presque sûr qu'il connut une relation de pédérastie, relation qu'il condamne dans Le Banquet. Par la suite, il prit bon nombre de ses disciples en tant qu'éromènes

Platon était en relation étroite avec le parti oligarchique que par ailleurs il honnissait, et semble n'avoir pas été insensible à la célébrité de sa famille, qu'il mentionne dans le Charmidep. 11 et dans le Timéep. 12. Il était le petit-neveu de Critias et le neveu de Charmide, tous deux du Conseil des Trente Tyrans, un régime de terreur imposé par Sparte pendant neuf mois, à partir de -403, à la fin de la guerre du Péloponnèse10. On a voulu ainsi, par la parenté et le socratisme, expliquer le caractère des idées politiques de Platon. L'éducation qui, à Sparte, négligeait l'âme et ne s'occupait que du corps, la politique ambitieuse et avide de domination, la passion guerrière, l'immoralité des femmes, furent sévèrement jugées par Platonp. 13. Tout au long de son œuvre, il a dénoncé les excès de l'oligarchie, où les riches dominent les pauvres, et ceux de la démocratie, où les pauvres tentent de dominer les riches. C'est pourquoi Platon proposa dans La République un régime original : la timocratie. Il s'agissait d'un régime où la population était divisée en classes sociales strictement délimitées, ayant chacune des prérogatives propresp. 14.

Platon appartenait donc à une riche famille de propriétaires terriens, et il en profita largement. Il voyagea, acheta la bibliothèque de Philolaos, organisa une chorégie, fête très coûteusep. 15,11.

Vers -410, il fut élève de Cratyle, un disciple d'Héraclite, et d'Hermogène, un disciple de Parménide.
Buste de Platon. Copie romaine d'un original grec du dernier quart du IVe siècle av. J.-C.

Il abandonna de bonne heure la vie politique, carrière par excellence de l'homme libre à Athènes, et qu'il considérait comme le plus grand honneur, comme le plus grand devoir d'un bon citoyen, ainsi que comme le couronnement de la vie philosophiquep. 16. Si l'on en croit la VIIe lettre, dont l'authenticité est généralement acceptée, il aurait essayé de la politique, et même pris quelque part au gouvernement des Trente Tyrans, despotique et sanguinaire au point de perpétrer environ 1 500 exécutions sommaires. Il y aurait vite renoncé, dégoûté par les excès et les fureurs des partisp. 17.

« Du temps de ma jeunesse, je ressentais en effet la même chose que beaucoup dans cette situation : je m'imaginais qu'aussitôt devenu maître de moi-même, j'irais tout droit m'occuper des affaires communes de la cité. Et voilà comment le hasard fit que je trouvai les choses de la cité. Le régime d'alors était en effet l'objet de virulentes critiques de la part du plus grand nombre, et une révolution éclata. (…) Et moi, voyant donc cela, et les hommes qui s'occupaient de politique, plus j'examinais en profondeur les lois et les coutumes en même temps que j'avançais en âge, plus il me parut qu'il était difficile d'administrer droitement les affaires de la cité. Il n'était en effet pas possible de le faire sans amis et associés dignes de confiance, et il n'était pas aisé d'en trouver parmi ceux qu'on avait sous la main, car notre cité n'était plus administrée selon les coutumes et les habitudes de nos pères. »

En -403, la démocratie fut rétablie à Athènes par Thrasybule et Anytos (un accusateur de Socrate quatre années plus tard).

Platon devint le disciple de Socrate durant neuf ans, de -408 à -399, jusqu'à la condamnation de Socrate, qui avait résisté, entre autres, aux Trente Tyrans, refusant « d'obéir aux gens de l'entourage de Critias qui lui ordonnaient de leur amener Léon de Salamine, un riche démocrate, pour qu'il fût mis à mort »p. 18,p. 19. À la suite de cette rencontre, Platon abandonna l'idée de concourir pour la tragédie grecque et brûla toutes ses œuvres. Il transmit l'enseignement de son maître tout en se l'appropriant et en le transformant peu à peu. Il commença ses dialogues durant le vivant de Socrate : Hippias mineur, Ion, etc. « Socrate, qui venait d'entendre Platon donner lecture du Lysis, s'écria : « Par Héraclès, que de faussetés dit sur moi ce jeune homme ! » »p. 20.

Malade, il n'assista pas à la mort de Socratep. 21 en -399. Inquiet sur le sort des disciples de Socrate, il se réfugie chez Euclide de Mégarep. 22, qui en fait également partie. « Par la suite, il alla en Égypte chez les prêtres du haut clergé »p. 23 ; ce n'est pas certain, car sa connaissance de l'Égypte paraît indirecte et stéréotypéep. 24,12,p. 25 : le pays irrigué par le Nil, la division du corps social en groupes fonctionnels, l'organisation artistique et intellectuelle et la piété. »13 ; c'était peut-être en -392, peut-être avec Eudoxe de Cnide. Platon a participé, comme cavalier, à la guerre de Corinthe, qui vit la victoire de Sparte sur Athènes(-394). À Cyrène, il rencontre les philosophes Aristippe de Cyrène et Annicéris de Cyrène, défenseurs d'une philosophie de la jouissance, ainsi que le mathématicien Théodore de Cyrène, qui figure dans le Théétète (143-144). En Italie du Sud, dans la Grande-Grèce, à Tarente, il rencontra le grand pythagoricien Philolaos de Crotone, et ses auditeurs, Timée et Archytas de Tarente ; à cette occasion, qui date de -388 à -387, il entra en contact avec le pythagorisme, et approfondit l'opposition âme – corps, les nombres, et l'idéal oligarchique du philosophe-roip. 26,Note 1.

Il fit un premier voyage politique en Sicile en -387, et Denys Ier l'Ancien, qui s'intéressait à la philosophie, le reçut à la cour de Syracuse. Il gagna à la philosophie Dion de Syracuse, beau-frère de Denys, mais, en raison de son penchant à faire la leçon, ou à cause de son influence, il ne tarda pas à déplaire au « tyran », maître souverain. Embarqué de force sur un bateau spartiate, il fut probablement capturé et vendu comme esclave sur l'île d'Égine14, alors en guerre contre Athènes. Il fut néanmoins affranchi par Annicéris de Cyrène, philosophe cyrénaïque, qui l'aurait reconnu, acheté « pour vingt mines d'argent », puis libéré15.
Maturité
Article détaillé : Académie de Platon.
Une mosaïque trouvée à Pompéi représentant l'Académie de Platon.

Après l'échec politique à Syracuse, Platon fonda, en -387, à Athènes, près de Colone et du gymnase d'Acadèmos, une école, nommée « l'Académie », selon le modèle des pythagoriciens. Il y enseigna pendant quarante ans. Sur le fronton de l'Académie était gravée, selon la légende, la devise « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre »16. On y poursuivait des recherches scientifiques ; l'enseignement des sciences exactes y préparait à l'étude de la philosophie, considérée en elle-même, et dans ses applications à la politique. Des philosophes illustres en sont issus :

Théophraste, jusqu'en 348 av. J.-C. avant de suivre les cours de Aristote
Aristote, qui y passa vingt années
Philippe d'Oponte, éditeur de Lois et peut-être l'auteur de Epinomis
Amyntas d'Héraclée
Chabrias
Phocion
Démosthène17.
Dinostrate
Callippe de Syracuse
Eudoxe de Cnide
Hestiée de Périnthe
Héraclide du Pont
Speusippe
Xénocrate
Ménechme
Ménédème d'Érétrie
Euphraios d'Eubée
Pamphile, qui sera maitre d'Épicure
Léon d'Athènes et Léon l'Académique
Échécrate, Italien, qui fut d'abord pythagoricien,
Hermias d'Atarnée (futur protecteur d'Aristote ostracisé)
Python et Héraclide, citoyens d'Énos, conseillers et assassins de Cotys Ier18
Aristonymos, législateur de Mégalopolis, en Arcadie
Et deux femmes : Axiothée de Phlionte et Lasthénie de Mantinée

L'école a subsisté pendant neuf siècles, jusqu'au règne de l'empereur byzantin Justinien, qui y mit un terme en 52919.

Vers -380, Platon aurait initié le mathématicien Léodamas de Thasos à l'usage de l'analyse en géométriep. 27,20,p. 28.

Vers -370, Platon traversa, selon Léon Robin21 ou Pierre-Maxime Schuhl, une longue crise intellectuelle, durant laquelle il s'interrogeait sur sa théorie des Idées (interrogation qui traverse les dialogues du Parménide et du Sophiste)22. Il prit conscience de la difficulté d'association (μέθεξις / méthexis), non symétrique des Idées avec les choses sensibles, ainsi que de l'association (σύμμιξις / súmmixis) des Idées entre elles, de même que la communion (κοινωνία / koinômía) entre les Idées et le Bienp. 29. En même temps, il semblait, sous l'influence d'Eudoxe de Cnide : admettre un ordre dans le sensible, et s'orienter vers un certain dualisme de type oriental : « Cet univers, tantôt la Divinité guide l'ensemble de sa marche, tantôt elle l'abandonne à lui-même »p. 30.

Au début de -367, il fit un deuxième voyage politique en Sicile23, et, à la mort de Denys Ier l'Ancien, en -367, Dion de Syracuse demanda à Platon d'éduquer son beau-frère Denys II le Jeune, fils de Denys l'Ancien, à la philosophie. Il avait fait ce retour en Sicile, pensant créer une cité qui serait gouvernée selon ses principes philosophiques : il a terminé La République en -37224, persuadé que si les philosophes ne deviennent pas rois ou si « les rois ne deviennent pas philosophes (…) il n'y aura pas de trêve aux maux dont souffrent les États »p. 31. Mais Denys II le Jeune bannit Dion, soupçonné de comploter, et Platon fut détenu un an dans la citadelle d'Ortygie[Laquelle ?]p. 32.

En -366, Aristote entra à l'Académie, à l'âge de dix-sept ans, pour vingt années d'études. Le troisième et dernier voyage politique de Platon en Sicile eut lieu en -360. En -361, Denys II le Jeune promit d'accorder sa grâce à Dion à condition que Platon revienne une troisième fois en Sicile. Platon, âgé de soixante-huit ans, confia l'Académie à Héraclide du Pont, et accepta, ainsi que Speusippe et Xénocratep. 33. Mais ses relations avec Denys II se dégradèrent, et le pythagoricien Archytas de Tarente dut envoyer un vaisseau de guerre pour libérer Platon. Ce fut l'occasion d'un second contact approfondi avec le pythagorisme : il acheta, dit-on, « à Philolaos de Crotone trois livres concernant la doctrine de Pythagore pour cent mines d'argentp. 34 » (à cette époque, ou, à la mort de Philolaos, vers -380) ; le Timée (35-44, 54-55), qui date de -358, est très pythagorisant, et l'on trouve dans le Philèbe (16c), qui date de -347, l'opposition Limité – Illimité caractéristique de Philolaos. À Olympie, lors des Jeux Olympiques de -360, il retrouva Dion de Syracuse, et lui conseilla de renoncer à une expédition contre Denys le Jeunep. 35. Quatre ans plus tard, Dion renversa Denys II le Jeune, mais fut assassiné par un ami, le rhéteur d'origine athénienne Callippe de Syracuse.
Vieillesse

Dans ses dialogues de vieillesse, surtout dans le Timée, sa philosophie changea quelque peu. Il semble aussi que, peut-être vers -350, Platon ait donné un enseignement oral d'orientation dualiste et pythagorisante, centré sur les Nombres idéaux. Plutarque, dans sa Vie de Sertorius25, cite Théophraste : « Un général doit mourir en capitaine et pas en soldat »26 Dans ses Questions platoniciennes, Plutarque rapporte également que Platon se reprocha dans sa vieillesse d'avoir placé la Terre au centre du Monde, parce que la place ne lui convenait pas27. Platon28, mourut à Athènes en -347 ou -346, « au cours d'un repas de nocep. 36 ». Il rédigeait alors Les Lois, dont on a pu penser que le livre XII était inachevé, mais ce jugement est sujet à discussion. La tradition voudrait le faire mourir à 81 ans, d'après le symbolisme des nombres, car 81 est le carré de 9p. 37. Il avait un fils, Adamante. « Il fut inhumé à l'Académie. » Pendant ce temps, la guerre de Philippe II de Macédoine pour conquérir Athènes faisait rage.

Aristote, déjà auteur de remarquables dialogues (perdus) et de son œuvre logique, fut dépité de voir Speusippe, neveu de Platon, nommé scolarque, recteur de l'Académie, plutôt que lui. Il partit en Asie chez Hermias d'Atarnée, tyran de sa patrie, et ancien condisciple à l'Académie.
Prédécesseurs et contemporains

Socrate et les sophistes sont vraisemblablement les figures qui ressortent le plus nettement des dialogues de Platon, le premier comme interlocuteur principal, les seconds comme adversaires. Ils ne sont pas cependant les seuls penseurs ou écrivains que l'on voit dans les dialogues, qui reflètent à maints égards la culture de son temps. Pourtant, il n'est pas toujours possible de déterminer précisément dans quelle mesure tel ou tel aspect de cette culture alimente la pensée de Platon, ni d'y repérer avec certitude telle ou telle allusion. Les références faites par Platon sont en effet souvent allusives, bien que l'on trouve également de nombreuses citations, par exemple d'Homère, et il ne fait jamais, au contraire de son élève Aristote, d'exposé doxographique sur une question donnée29. On ne proposera ici qu'un aperçu des principaux auteurs, contemporains ou prédécesseurs, afin de donner une idée générale du contexte culturel de l'œuvre de Platon. Outre Socrate et les sophistes, il convient d'évoquer les philosophes dits présocratiques, également appelés « préplatoniciens », ainsi que les historiens grecs et des aèdes comme Homère.
Les préplatoniciens

Les sources sur les philosophes précédant Platon sont trop partielles pour qu'il soit possible de repérer à coup sûr les allusions et apprécier de manière précise les jugements qu'il pouvait porter sur leur pensée. On ne peut que constater l'utilisation qu'il fait de certains noms en leur liant telle ou telle thèse30. Platon considère Parménide, dans Le Sophiste, comme le père de la philosophie, qu'il faut « tuer » pour rendre compte du discours faux. Puisqu'en effet, selon Parménide, seul l'être est, il est impossible de tenir des discours sur ce qui n'est pas. Or le discours faux, celui des sophistes, existe ; par conséquent, il faut emprunter la voie interdite par Parménide, voie selon laquelle le non-être est, d'une certaine façon.
Les Écoles pythagoriciennes

Selon Aristotep. 38, la doctrine de Platon s'accorde sur plusieurs points avec celle de Pythagore. Bien que ce jugement ait eu une grande postérité, il est en réalité difficile, sinon impossible, de le préciser, car l'enseignement pythagoricien était réservé à des initiés et il n'y a que deux références explicites dans les dialogues platoniciens, références qui n'apprennent pas grand-chose sur ce que Platon pourrait avoir emprunté au pythagorisme31. Si l'on soutient l'idée que Platon a donné un enseignement oral (voir les sections Le dialogue chez Platon et L'enseignement oral de Platon), distinct de ce que l'on trouve dans ses dialogues, alors la nature de cet enseignement, qui porterait sur les notions de dyade et de nombres idéaux, peut apparaître comme un indice probant de l'influence pythagoricienne. Toutefois, il est possible qu'il y ait là un amalgame avec certains des successeurs de Platon à l'Académie, tels que Speusippe et Xénocrate, qui furent considérés dès l'Antiquité comme des pythagoriciens32.
Hérodote et Thucydide

Platon partage avec les deux historiens grecs Hérodote et Thucydide la qualité de prosateur que leur a décernée Polybe, et il y a, entre ces trois auteurs, des points de ressemblance et des différences qui sont susceptibles d'éclairer quelque peu l'originalité du projet philosophique platonicien au sein de la culture grecque. À l'instar d'Hérodote et de Thucydide, Platon s'intéresse en premier lieu aux affaires humaines et à la politique, tant d'un point de vue philosophique que d'un point de vue qui peut passer aujourd'hui pour sociologique, ce qui est illustré par exemple par sa description de la genèse des sociétés dans La Républiquep. 39. Il ne fait cependant pas à proprement parler œuvre d'historien, comme en témoignent les libertés chronologiques et historiques de ses dialogues.

Mais la principale différence est d'ordre philosophique : contrairement à ces deux historiens, Platon cherche en effet ce qui est toujours, alors que Thucydide et Hérodote écrivent sur des réalités dont ils savent qu'elles ne sont pas fixes et qu'elles sont vouées à la destruction. Ainsi, bien que Platon partage avec eux le souci d'éclairer le devenir, ce souci ne conduit pas aux mêmes méthodes d'investigations du monde sensible, ni aux mêmes causes explicatives. Bien que les enquêtes historique et philosophique soient rétrospectivement distinguées, c'est bien dans les deux cas le même amour du savoir qui pousse ces trois prosateurs dans leur enquête sur le devenir. Mais la pensée de Platon ne saurait permettre d'attribuer le titre de philosophes aux deux historiens, car on ne saurait posséder un savoir stable en s'attachant à ce qui est instable par nature, ce qui les disqualifie également pour ce qui concerne la compétence politique, qui est, aux yeux de Platon, la compétence philosophique par excellence33.
La relation entre Socrate et Platon
Socrate fut le maître qui marqua le plus profondément Platon, celui-ci le mettant en scène dans presque tous ses dialogues.
Article détaillé : Socrate.
Ce que Platon pensait de Socrate

La nature exacte des relations entre Socrate et Platon nous est entièrement inconnue. Rien ne permet ainsi de répondre à des questions comme celle de savoir à quel âge Platon rencontra Socrate, et combien de temps il le fréquenta. Nous ignorons également quelle place Platon occupait parmi les disciples de Socrate. Ces incertitudes sont d'autant plus remarquables que tous les dialogues de Platon, sauf Les Lois, mettent en scène Socrate, quoiqu'en ne lui donnant pas toujours le premier rôle. Quand, dans le Phédonp. 40, Platon fait la liste des proches de Socrate ayant assisté à sa mort, il souligne sa propre absence par cette remarque : « Platon, je crois, était malade. » ; cela est assez énigmatique car la formulation est hypothétique dans la bouche du mieux informé34.

Malgré l'omniprésence de Socrate dans son œuvre, nous ne sommes pas non plus renseignés sur les sentiments de Platon à l'égard de son maître. Les dialogues comportent certes plusieurs louanges envers Socrate, mais prononcées par des personnages dont nous ne savons pas avec certitude si l'on doit les considérer comme des porte-paroles de Platon, bien que cela soit probable. Le seul passage où Platon parle de Socrate en son nom propre, est la Lettre VII, dont on admet généralement l'authenticitép. 41 :

« Entre autres choses, Socrate, mon ami, qui était plus âgé que moi, et dont, je pense, je ne rougirais pas de dire qu'il était l'homme le plus juste de cette époque, ils [les Trente] l'envoyèrent avec d'autres chercher un citoyen, pour l'amener de force, en vue de le mettre à mort, dans le but évident de le rendre complice de leurs agissements, de gré ou de force ; mais lui, refusa d'obéir et préféra courir le risque de tout endurer, plutôt que d'être associé à leurs œuvres impies »

La mise en scène de Socrate par Platon est en revanche des plus explicites. Socrate apparaît, par exemple, comme l'ami véritable dans le Lysis, comme un homme courageux dans le Lachès, comme un sage dans le Charmide.

Une autre caractéristique, plusieurs fois remarquée par ses interlocuteurs et mise en scène par Platon, est l'ἄτοπία / atopia de Socrate, autrement dit son caractère déroutant35 dont fait partie cette manœuvre ironique qui consiste à feindre l'ignorance, et à prétendre reconnaître le savoir de son interlocuteur. Ces mises en scène ne manquent pas d'apparaître cocasses (cf. par exemple, "Euthyphron") ; elles ne sauraient manquer de rappeler au lecteur contemporain un inspecteur Colombo enquêtant sur des notions philosophiques et se fichant éperdument de l'interlocuteur ; qui pourrait d'ailleurs affirmer que les metteurs en scène hollywoodiens ne se seraient inspirés (dans le cas de Colombo ?) de la fraîcheur et de l'esprit de jeunesse qui doivent caractériser, faussement teintée de solennel, l'œuvre de Platon et par elle le legs de la civilisation hellène36:

« Un des prêtres les plus âgés lui dit : Ô Solon, Solon, vous autres Grecs vous serez toujours enfants ; il n’y a pas de vieillards parmi vous. — Et pourquoi cela ? répondit Solon. — Vous êtes tous, dit le prêtre, jeunes d’intelligence ; vous ne possédez aucune vieille tradition ni aucune science vénérable par son antiquité »

L'influence de Socrate sur Platon

D'après Diogène Laërce37, Platon aurait pris à Socrate sa pensée politique ; d'après Aristote, il lui aurait emprunté sa théorie du concept. Il pourrait donc paraître naturel de penser que Platon ait trouvé en Socrate les germes de nombre de ses théories, que ce soit en éthique, en philosophie politique, voire, en ce qui concerne la théorie des Idées. Mais dans quelle mesure la rencontre et la relation entre Socrate et Platon furent-elles essentielles pour l'évolution de sa pensée, c'est ce qui ne peut être déterminé exactement, et cette difficulté tient tant à la pauvreté des données biographiques, qu'au choix de Platon de faire de Socrate un personnage dans presque toutes ses œuvres.

Ce choix pourrait à première vue conduire à penser que l'on a là un indice tangible et fiable de la relation entre Socrate et Platon, et donc de l'influence du premier sur le second. Mais, les dialogues ne donnent en réalité que peu d'informations. On peut expliquer le choix du personnage de Socrate dans le cadre du genre du dialogue socratique : il s'agit en effet de défendre la mémoire de Socrate, comme l'illustrent le Phédon, le Banquet ou encore l'Apologie de Socrate. Mais dès lors que Socrate est un personnage de Platon, se pose le problème de la distinction entre un Socrate historique et un Socrate « platonicien ». Sur ce point, les lecteurs de Platon ont soutenu des interprétations très diverses, qui sont intrinsèquement liées à la question de l'influence de Socrate sur Platon. Ces interprétations vont, de la thèse selon laquelle tous les dialogues de Platon, sans exception, mettent en scène le véritable Socrate, jusqu'à la thèse selon laquelle, dès les dialogues socratiques, le personnage de Socrate n'est pas une copie du Socrate historique, mais un porte-parole de Platon. Or une avenue souvent envisagée est celle d'un Socrate de plus en plus porte-parole, et donc, de moins en moins historique, dans les œuvres tardives de Platon.
Les dialogues de Platon
Article détaillé : Dialogues de Platon.

Platon aurait écrit 35 dialogues. Les spécialistes de stylistique, de statistique lexicale38 et d'histoire des idées ont classé les 35 dialogues attribués à Platon en grands « groupes », sans toujours s'entendre sur la stricte succession de chacun ou sur la périodisation par groupes39. Ce classement en groupes par le moyen de la stylométrie, se résume fondamentalement au trois groupes suivants40 :

dialogues de jeunesse : tous les dialogues qui ne sont pas dans les deux suivants ;
dialogues de maturité : Phèdre, Parménide, République, Théétète ;
dialogues de vieillesse : Lois, Philèbe, Sophiste, Politique, Timée, Critias.

Un tel groupement ne peut être cependant considéré de manière absolue : il existe en effet quelques variantes dont la succession proposée par L. Brisson.
La philosophie de Platon
Les influences

Platon fut « disciple»Note 241. Toutefois ce refus de reconnaître des disciples tient à la nature particulière de son activité philosophique, qui ne consiste pas à enseigner un savoir, mais à pratiquer la maïeutique. Dès lors, Platon pourrait être considéré comme un élève de Socrate, si l'on garde à l'esprit cette pratique socratique de la discussion de Socrate. Sa pensée s'inspire de celle de ce dernier mais aussi de celle d'Héraclite42 : « Platon, dès sa jeunesse, s'était familiarisé dans le commerce de Cratyle, son premier maître, avec cette opinion d'Héraclite que tous les objets sensibles sont dans un écoulement perpétuel, et qu'il n'y a pas de science possible de ces objets. »43. Il faut cependant garder à l'esprit que l'étendue et la nature exacte de ces influences sont mal connues44. Il est généralement considéré comme l'un des premiers et des plus grands philosophes occidentaux, sinon comme l'inventeur de la philosophie45, au point que Whitehead ait pu dire : « la philosophie occidentale n'est qu'une suite de notes de bas de page aux dialogues de Platon »46.
Le platonisme

Du fait d'une histoire deux fois millénaire, l'œuvre de Platon est passée par des processus de réfutations, de reprises, et de développements en des sens très variés, qui ont largement influé sur sa réception à travers les âges. Ce que l'on appelle la philosophie de Platon se présente moins sous la forme d'un système, que d'un ensemble de thèmes qui apparaissent dispersés dans des dialogues dont les qualités littéraires font parfois oublier qu'ils possèdent aussi des qualités philosophiques47. C'est le cas par exemple, jusqu'aux dernières décennies du XXe siècle, des dialogues dits socratiques qui, au moins en France, ont longtemps été étudiés dans le cadre des lettres classiques48, les autres dialogues étant en revanche considérés comme relevant de la philosophie49.

Certains de ces thèmes sont devenus célèbres en dehors même du cercle des philosophes, non sans déformations : c'est le cas de l'amour platonique. D'autres thèmes font partie d'une « vulgate », d'un imaginaire philosophique du platonisme, qui est parfois loin de rendre compte de la complexité de l'œuvre ; parmi ces thèmes, les plus connus et étudiés sont la séparation de la réalité en deux mondes :

Le sensible et l'intelligible, le premier étant l'image, le reflet, la copie du second, qui est paradigme, modèle, vraie réalité, appelée rétrospectivement dualismeNote 3,
La séparation de l'âme d'avec le corps et l'ascétisme mortifiant qu'on lui suppose lié, les Idées (Égal, Beau, Bon, Juste), la réminiscence.
Les mythes inventés par Platon dans le but de faire comprendre certaines pensées difficiles d'accès sont profondément ancrés non seulement dans la pensée occidentale, mais aussi dans son art : ce sont, entre autres, l'allégorie de la caverne, l'allégorie de la Terre, le récit de la destinée des âmes.

Cette grande richesse de l'œuvre de Platon, ainsi que la variété des interprétations, rendent difficile, sinon impossible, toute exposition générale, et les monographies sont de fait assez rares50 Néanmoins, dans un article, Cherniss (en)51 a proposé de voir dans la théorie des Idées une hypothèse économique permettant de résoudre les questions ontologiques, éthiques, épistémologiques, qui se sont posées à Platon. Cette théorie a donc pour fonction, dans cette lecture, d'unifier les problèmes et les solutions formulés par Platon. En effet, Platon explique au livre X de la République que l'œuvre d'art n'est qu'une imitation d'imitation, la copie d'une copie. Car l’artiste ne fait qu’imiter l’objet produit par l’artisan ou par la nature, objet sensible qui est lui-même la copie ou l'imitation de son essence (l'Idée ou Forme). L’art pour Platon, en tant que production d’objet, n’est donc qu’une imitation de second ordre, copie de la copie de l'Idée. L'œuvre d'art est ainsi de piètre valeur, car doublement éloignée de la vérité. Et l'artiste lui-même apparaît comme un danger pour la réalisation de la République, puisqu'il est un illusionniste, qui fait tenir pour vrai ce qui est faux et peut ainsi renverser dans l'apparence qu'il construit l'ordre des valeurs.
Contexte philosophique

La pensée de Platon s'inscrit dans un contexte philosophique où l'on trouve les présocratiques, les sophistes, et un savoir traditionnel transmis par les poètes, savoir qui constitue l'essentiel de l'éducation grecque. Platon construit sa philosophie par opposition à chacun de ces prétendants aux savoirs, cherchant à résoudre les difficultés philosophiques qu'ils soulèvent, mais il s'en approprie également certaines parties, en les formulant dans un cadre nouveau, défini par la théorie des Idées.

Les présocratiques ont proposé des théories de la nature, expliquant l'origine, la constitution, l'organisation et le devenir du monde, en excluant les explications recourant au divin. Mais ces théories sont pour Platon insuffisantes, car, en faisant du monde un ensemble de choses sensibles constituées d'éléments, elles n'en expliquent pas la raison d'être, ni ne parviennent à surmonter certaines contradictions ontologiques et épistémologiques. Platon adopte plusieurs attitudes à cet égard, selon la nature de l'explication. Ainsi, dans le Phédon, Socrate critique-t-il la thèse d'Anaxagore de l'organisation du monde, du fait de l'insuffisance de son explication des causes de cette organisation. En revanche, Platon adhère à la thèse héraclitéenne du devenir, mais en montre les limites : d'une part, cette thèse produit des discours contradictoires sur les choses, d'autre part elle ne rend pas compte de la régularité observable au sein même du changement. D'une manière générale, les philosophes de la nature ont confronté la pensée grecque à cette difficulté de savoir comment il pouvait être possible de penser les réalités, alors que celles-ci n'ont aucune stabilité. C'est dans ce contexte que Platon tente d'apporter une solution originale, qui a pour but d'expliquer l'intelligibilité du sensible, et de garantir à l'homme un authentique pouvoir de connaître.

Mais la pensée grecque se trouve également confrontée à des difficultés du côté des conduites humaines, c'est-à-dire en morale et en politique. Certains sophistes ont en effet affirmé le conventionnalisme de la loi, qui, dès lors, dépend de la volonté humaine, et se trouve donc être variable, relative, sans véritable fondement autre que le droit du plus fortNote 4. C'est alors la justice qui devient un effet de point de vue, et la vie en commun se transforme en un conflit permanent, qu'aucune valeur ne peut stabiliser, unifier, tout en assurant la paix et le bonheur des citoyens. Là encore, Platon va tenter de trouver une solution originale dans le but de mettre un terme au relativisme moral, de fonder la politique et d'établir les conditions de la cité juste.

Ainsi, tant dans le domaine de la connaissance que dans ceux de la morale et la politique, les problèmes rencontrés touchent aux changements et à l'instabilité des réalités. La résolution de ces difficultés pourra donc prendre aux yeux de Platon la forme d'une hypothèse ontologique unique, appelée « théorie des Idées » (ou des « Formes intelligibles »).
Théorie de la connaissance

Pour certains philosophes grecs, le monde est un flux perpétuel. Le cas vraisemblablement le plus connu est celui d'Héraclite, pour qui l'être même est devenir. Même s'il divise le monde en être et non-être, Parménide tient également pour vrai que le sensible est un changement continuel, bien qu'il ne lui accorde, au contraire d'Héraclite, aucun être. Or, Platon renvoie dos-à-dos ces deux théories contradictoires, en estimant qu'elles ne peuvent ni l'une ni l'autre établir des conditions satisfaisantes pour la connaissance.
Monde sensible et opinion
Références principales : Théétète ; Timée

La connaissance est pour Platon une activité de l'âme au contact de différents objets52. Parmi ces objets se trouve l'ensemble des choses sensibles dont la totalité constitue le monde. Le vivant, que Platon définit comme un corps animé, c'est-à-dire doté d'une âme, est affecté par ces objets sensibles, ainsi que par les processus internes à l'organisme. Platon nomme les impressions (pathêmata) ces mouvements provoqués dans le corps par les objets extérieurs au sujet qui perçoit. Toutes les impressions ne sont pas perçues par l'âme, seules le sont les sensations (aisthêsis) qui consistent en jugements de l'âme sur les objets qui l'entourent. Platon nie le vide53.

Dans le Théétète, Socrate et Théétète recherchent une définition de la science et examinent en premier lieu la question de savoir si la connaissance trouve sa source dans ce contact de l'âme au sensible. Les deux premières définitions considérées sont en effet que la science est la sensation et que la science est l'opinion. La première définition se heurte à l'objection suivante : le monde sensible est devenir, c'est-à-dire un ensemble d'objets qui naissent et qui se corrompent, s'accroissent et décroissent. Monde sensible et devenir sont synonymes. Mais si toute réalité est un devenir, elle se transforme sans cesse, et il est impossible d'y trouver la stabilité nécessaire à une connaissance vraie et certaine ; en effet, dans le sensible, un objet a tantôt telle qualité, tantôt telle autre, ou bien les deux en même temps, si bien que l'on en arrive à trouver des qualités contradictoires dans la même réalité. La conception héraclitéenne du monde sensible anéantit donc la connaissance, en soutenant que la nature du réel est d'être contradictoire. Mais cette conception fait également dépendre la connaissance, à la manière de Protagoras54, des états empiriques de l'individu, selon la célèbre formule : « l'homme est la mesure de toute chose. » Ce relativisme, en posant que c'est de l'être-même des choses, et non seulement de leur connaissance, que chaque individu est le critère, fait de la connaissance un simple point de vue, et abolit toute possibilité de vérité.

Les impressions sensibles ne donnent donc pas le vrai, et Socrate peut ainsi réfuter la thèse selon laquelle la science est sensation. Il est alors aussi impossible que l'âme parvienne à des jugements vrais à partir des impressions : ces jugements, qui sont des opinions, ne peuvent en effet se justifier par aucun critère, si ce n'est par une autre impression. La réfutation de l'idée d'une connaissance à partir du monde sensible en tant que devenir permet à Platon d'opposer au mobilisme héraclitéen et au relativisme sophistique l'idée d'une science qui ne porte pas sur les impressions des sens ni sur les opinions que l'âme peut former sur elles, mais sur une réalité qui sera seulement perçue par une puissance intellectuelle, et qui recevra, pour cette raison, le nom de réalité intelligiblep. 42. Cette réalité, et la puissance de l'âme qui la connaît, doivent être postulées afin de maintenir la possibilité d'une connaissance vraie. Ce faisant, Platon suppose deux choses : que la fondation du savoir présuppose l'équivalence entre être et vérité ; que l'âme doit être une réalité parente des réalités intelligibles, afin de pouvoir les contempler. Sans cette hypothèse d'une appréhension par l'intellect de l'âme, de réalités non sensibles, toute pensée et tout discours seraient impossibles.

Il y a, sur la sensation, de nombreuses opinions, qui peuvent se réduire à deux générales : les uns la font produire par le semblable, les autres par le contraire. Parménide, Empédocle et Platon sont au nombre des premiers; Anaxagore soutient la seconde thèse55.
Hypothèse des Idées (les Formes intelligibles)
Articles détaillés : Théorie des Idées et Phédon (Platon).

Si connaître, c'est connaître quelque chose qui est, seul ce qui est absolument, peut être véritablement connaissablep. 43. L'objet de la connaissance réelle ne peut donc être le monde sensible, et doit présenter des propriétés différentes du devenir. Ce raisonnement a une double conséquence : d'un point de vue épistémologique, c'est par une réalité seule, véritable, que l'on connaît et que l'on peut répondre aux questions de Socrate, en donnant des définitions : Qu'est-ce que le Beau ? Qu'est-ce que le Courage ?, etc. Alors que la plupart des interlocuteurs de Socrate se tournent vers les choses sensibles, pour, comme réponse, lui présenter une multiplicité d'exemples, Socrate réplique qu'aucune de ces choses n'a de propriété par elle-même, mais qu'il faut, pour connaître ces propriétés, rassembler le multiple dans l'unité d'une réalité non sensible, de laquelle chaque chose sensible reçoit ses qualités. D'un point de vue ontologique, ces réalités doivent avoir, d'une part, une existence objective, distincte du monde sensible, et, d'autre part, doivent être la cause des qualités dans les choses. Lorsque Socrate demande ce qu'est le beau, sa question est précisée également de manière à demander par quoi les choses belles sont dites belles, et elles sont belles dans la mesure où l'on trouve en elles la présence d'une réalité non sensible, qui seule est définissable et connaissable.

Platon nomme Forme, Idée (traduction de είδη et de ιδέαι, également traduits par « idée ») l'hypothèse de ces réalités intelligibles. Ces Formes sont les véritables objets de la définition et de la connaissance. De l'échec de l'idée d'une connaissance sensible et des exigences de la connaissance, Platon peut déduire leurs propriétés : les Formes sont des réalités immatérielles et immuables, demeurant éternellement identiques à elles-mêmes, universelles et intelligibles, seules réellement étant, et indépendantes de la pensée. Ainsi, contrairement aux choses sensibles, dont la réalité est changeante, les Formes sont l'unique et vraie réalité. Cette réalité est désignée par Platon en ajoutant des adjectifs : réalité vraie, par exemple, ou par des comparatifs : « ce qu'il y a de plus réel », afin de la distinguer de la réalité sensible, qui n'est cependant réelle qu'en tant qu'elle possède un certain rapport à la réalité authentique. Ainsi Socrate dit-il : « Car je ne vois rien de plus clair que ceci, c’est que le beau, le bien et toutes les autres choses de même nature dont tu parlais tout à l’heure existent d’une existence aussi réelle que possible »p. 44. Si les choses sensibles ont quelque réalité, elles doivent la recevoir de ces Formes, Idées : « Mais si l’on vient me dire que ce qui fait qu’une chose est belle, c’est ou sa brillante couleur, ou sa forme, ou quelque autre chose de ce genre, je laisse là toutes ces raisons, qui ne font toutes que me troubler, et je m’en tiens simplement, bonnement et peut-être naïvement à ceci, que rien ne la rend belle que la présence ou la communication de cette beauté en soi ou toute autre voie ou moyen par lequel cette beauté s’y ajoute [...]. »p. 44.

Les Formes sont également immuables, stables et éternelles pour la même raison. Elles sont aussi universelles, parce que si le sensible reçoit ses qualités d'elles, alors ces qualités introduisent de la ressemblance entre les choses sensibles, c'est-à-dire que ces qualités sont présentes dans plusieurs choses déterminée par une même Forme qui s'apparente alors à une classe. Enfin, les Formes sont indépendantes de la pensée : objets du savoir, elles doivent en effet exister hors de nous, sans quoi elles seraient subjectives, autrement dit relatives à un sujet, et changeantes selon les affections sensibles de celui-ci, ce qui les rendrait particulières et dépendantes de nos opinions. Cette théorie des Idées, ou théorie des formes intelligibles, qui constitue l'essentiel du platonisme, peut donc être résumée à deux notions, celle de Forme, qui désigne l'être intelligible, et celle de participation, qui désigne le rapport de l'être intelligible au devenir sensible, rapport par lequel ce dernier est déterminé et est connaissable. Du vivant de Platon, cette théorie s'est heurtée à des objections, que l'on retrouve formulées par Aristote dans La Métaphysique. Platon a lui-même formulé un ensemble d'objections, dans le Parménide, sans toutefois remettre en cause l'existence même de ces Formes, car elles sont à ses yeux des conditions nécessaires du discours et de la conduite humaine. Ces objections portent essentiellement sur l'impossibilité pour une Forme de se trouver en plusieurs réalités sensibles sans perdre son unité ou son identité, et sur la difficulté de doter les Formes d'une puissance causale qui, d'une part, contredit leur immuabilité, et, d'autre part, les fait entrer au contact du sensible, en leur faisant perdre de ce fait leur statut ontologiquement supérieur. Platon tentera de répondre à ces objections en reformulant le rapport des Formes aux réalités sensibles, par l'introduction de l'activité d'un démiurge, qui est décrite dans le Timée, c'est-à-dire par un récit mythique de la mise en ordre de l'univers en un tout ordonné.
Degrés de connaissance
Article détaillé : Analogie de la ligne.
L'ensemble de ces divisions peut être visualisé sur une ligne.

L'opposition entre le sensible et l'intelligible est une séparation ontologique ; à cette stricte séparation correspond une hiérarchie épistémologique, toute aussi stricte : l'opinion porte sur le monde sensible, et la science est la connaissance des réalités intelligibles. Cette division de la connaissance est exprimée par Platon au moyen de l'analogie de la ligne :

« Prends donc une ligne coupée en deux segments inégaux, l'un représentant le genre visible, l'autre le genre intelligible, et coupe de nouveau chaque segment suivant la même proportion ; tu auras alors, en classant les divisions obtenues d'après leur degré relatif de clarté ou d'obscurité, dans le monde visible, un premier segment, celui des images – j'appelle images d'abord les ombres, ensuite les reflets que l'on voit dans les eaux, ou à la surface des corps opaques, polis et brillants, et toutes les représentations semblables ; [...] Pose maintenant que le second segment correspond aux objets que ces images représentent, j'entends les animaux qui nous entourent, les plantes, et tous les ouvrages de l'art. [...] Examine à présent comment il faut diviser le monde intelligible. [...] De telle sorte que pour atteindre l'une de ses parties l'âme soit obligée de se servir, comme d'autant d'images, des originaux du monde visible, procédant, à partir d'hypothèses, non pas vers un principe, mais vers une conclusion ; tandis que pour atteindre l'autre – qui aboutit à un principe anhypothétique – elle devra, partant d'une hypothèse, et sans le secours des images utilisées dans le premier cas, conduire sa recherche à l'aide des seules idées prises en elles-mêmes. » La République, livre VI

Cette représentation de la connaissance par une ligne a une portée à la fois ontologique et épistémologique : l'âme, au contact d'une réalité, se trouve affectée selon la nature de cette réalité. Il y aura donc autant de manières d'être affecté qu'il existe de modes d'être, et ces manières d'être affecté définissent des manières de parler d'un objet ou de le penser. Les modes de connaissance et les réalités qui leur correspondent sont décrits dans ce texte, et ils sont les suivants : la conjecture porte sur les images et les illusions ; la croyance porte sur les êtres vivants et les objets fabriqués ; la pensée porte sur les notions et les nombres ; l'intellect porte sur les Formes. On peut ajouter à cela l'ignorance, bien que cela ne soit pas un mode de connaissance : l'ignorance correspond au non-être.

Les choses sensibles sont l'objet de la conjecture (eikasia) et de la conviction (pistis), et Platon désigne ces deux modes de connaissance comme opinion (doxa). L'opinion est ainsi un jugement qui porte sur des sensations. L'objet de l'opinion est instable, et celle-ci ne peut, pour cette raison, trouver en elle-même le critère de sa vérité et de sa fausseté. Les réalités intelligibles sont elles l'objet de la pensée et de l'intellect, et Platon les désigne par le nom de science. La pensée correspond aux raisonnements discursifs, se fondant sur des hypothèses, et elle comprend toutes les sciences particulières, comme les mathématiques. L'intellect est au contraire une intuition de ce qui est, de manière inconditionnelle, et cette intuition est donc la science par excellence, que Platon nomme dialectique, c'est-à-dire la science des Formes et de leurs rapports. À cette Forme la plus haute de la connaissance, à proprement parler la seule connaissance vraie, correspond l'activité par excellence de l'âme, qui est l'activité de l'intellect.

L'analogie de la ligne, répond ainsi aux questions de savoir ce qui est connu, et quels types de connaissance correspondent aux différentes sortes de réalités connues. Mais, il faut encore savoir quelles méthodes y correspondent et quelles sont les facultés de l'âme qui permettent la connaissance. Les dialogues présentent plusieurs moyens par lesquels il est possible d'acquérir un savoir, ou du moins d'avancer dans l'initiation philosophique ; ce sont, en premier lieu, le ressouvenir, la réfutation, et la dialectique, cette dernière n'étant rien d'autre que la philosophie elle-même. Platon utilise par ailleurs plusieurs procédés d'exposition de sa pensée, qui sont la dialectique, le mythe et le paradigme.
L'amour de la connaissance
Éros (bobine attique à figures rouges v. 470–450 av. J.-C, musée du Louvre). L'œuvre de Platon accorde une place fondamentale au désir (« eros » en grec).
Article détaillé : Le Banquet (Platon).

D'une manière qui est entièrement inconnue à l'esprit de la philosophie contemporaine, la philosophie de Platon ne peut être approchée sans comprendre le rôle fondamental d'un désir violent et multiforme qui s'empare tant de l'âme que du corps : l'amour (en grec ἔρως, érôs). L'amour est une forme de possession et de délire divinsp. 45 qui se manifeste par un attachement à une personne, à un objet ou même à une idée, accompagné de la pensée que la satisfaction de ce désir peut être une source de modification et d'élévation de l'existence. Cet amour se manifeste de nombreuses manières, qui vont de l'accouplement ou de la débauche, à l'amour de l'élève pour le maître, ou encore à l'excitation frénétique de l'âme poursuivant une idée, telle que le Bienp. 46. Il n'y a pas, pour Platon, plusieurs natures du désir érotique qui se manifesteraient dans plusieurs formes d'amour, qui n'auraient qu'un nom en commun. Platon distingue et hiérarchise l'amour selon les différentes finalités que l'on peut observer, mais cette variété des fins du désir n'est qu'une variété dans un même genre. Ainsi, si Platon condamne l'amour charnel ou bestial, qui a pris en Grèce une forme pédophile, et s'il place au plus haut cette forme de délire de l'âme qui possède le philosophe en quête du savoir, la véritable différence entre ces deux orientations se trouve, non dans la nature du désir-même, mais dans la capacité de contempler le Beau. C'est pourquoi, cette différence dans la finalité de l'amour se manifeste au contact de ce dernier :

« [...] la beauté seule jouit du privilège d’être l’objet le plus visible et le plus attrayant. L’homme pourtant dont l’initiation n’est point récente ou qui s’est laissé corrompre, ne s’élève pas promptement de la beauté d’ici-bas vers la beauté parfaite, quand il contemple sur terre l’image qui en porte le nom. Aussi, loin de se sentir frappé de respect à sa vue, il cède alors au plaisir, à la façon des bêtes, cherche à saillir cette image, à lui semer des enfants, et, dans la frénésie de ses fréquentations, il ne craint ni ne rougit de poursuivre une volupté contre nature. [251] Mais l’homme, qui a été récemment initié, ou qui a beaucoup contemplé dans le ciel, lorsqu’il aperçoit en un visage une belle image de la beauté divine, ou quelque idée dans un corps de cette même beauté, il frissonne d’abord, il sent survenir en lui quelques-uns de ses troubles passés ; puis, considérant l’objet qui émeut ses regards, il le vénère comme un dieu. »p. 47

Cette poursuite de la Beauté56, dans laquelle l'âme s'engage en tendant tout son désir vers un « là-bas », pose alors plusieurs questions que Platon aborde au fil des dialogues : la question du statut du monde sensible comme reflet de modèles intelligibles, la question de l'accès intellectuel à ces modèles, et la question de leur nature. Mais, outre ces questions d'ordre épistémologique, il faut garder à l'esprit que c'est le destin de l'âme qui se joue ici, et qui est le premier et même le seul souci du philosophe ; aussi sa nature, comme ses vertus, doivent-elles également faire l'objet d'une recherche. Mais, cette recherche touche tant à l'éthique (excellence de l'âme), qu'à la politique (éducation de l'âme), et à la cosmologie (place et structure de l'âme dans le tout ordonné), domaines qui ont besoin d'une explication et d'un fondement, que les contemporains qualifieraient d'ontologiques.
La réminiscence
Article détaillé : Réminiscence (philosophie).

Platon a montré que la connaissance sensible est moins vraie : l'âme ne peut en effet parvenir à l'être par le moyen des sensations. Il faut donc, aux yeux de Platon, qu'une certaine puissance de l'âme soit au contact des réalités vraies pour produire une science authentique, ce qui implique également que l'âme participe d'une certaine manière à l'intelligible. Ce rapport de l'âme à l'intelligible est décrit à travers le ressouvenir, et les mythes que Platon lui rattache. La réminiscence (en grec ἀνάμνησις, anamnésis ; également traduit par ressouvenir) est le ressouvenir par l'âme, à l'occasion d'une perception sensible, de connaissances qu'elle a acquises en dehors de son séjour dans un corps, et qu'elle a perdues lors de sa réincorporation. L'acquisition de la connaissance doit alors débuter par une re-connaissance, avant de se poursuivre par l'épreuve de la réfutation. Cette thèse suppose l'immortalité de l'âme, et l'existence de réalités intelligibles, puisque c'est en séjournant dans un monde intelligible, supérieur au monde empirique, que l'âme a contemplé les réalités divines. L'un des exemples les plus célèbres de cette idée se rencontre dans le Ménonp. 48.
La dialectique
Article détaillé : Dialectique.

Paesano
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